BACON au Centre POMPIDOU
Publié le 11 Octobre 2019
Expo évènement au centre Georges Pompidou.
Six salles, ponctuant le parcours du visiteur, placent la littérature au coeur de l’exposition.
Y sont lus des extraits des textes puisés dans la bibliothèque de Francis Bacon. Mathieu Amalric, Jean-Marc Barr, Carlo Brandt, Valérie Dreville, Hippolyte Girardot, Dominique Reymond et André Wilms lisent Eschyle, Nietzsche, Bataille, Leiris, Conrad et Eliot en français et en anglais.
Ci-dessous la salle dédiée à T.S. Elliott.
Extrait du dossier de presse :
T.S. Eliot, The Was teland [La terre vaine], 1921-1922, dans Poésie,
traduit de l’anglais par Pierre Leyris, Paris, Le Seuil, 1947, 1950, 1969, p. 57-58.
"L’Enterrement des morts
« Avril est le plus cruel des mois, il engendre
Des lilas qui jaillissent de la terre morte, il mêle
Souvenance et désir, il réveille
Par ses pluies de printemps les racines inertes.
L’hiver nous tint au chaud, de sa neige oublieuse
Couvrant la terre, entretenant
De tubercules secs une petite vie.
[…]"
Salle dédiée à Michel LEIRIS.
Michel Leiris, Miroir de la tauromachie, Fo ntfroi de, Fa ta Morgana, 1981, p. 39
« Dans la passe tauromachique le torero, en somme, avec ses évolutions calculées, sa science, sa technique, représente la beauté géométrique surhumaine, l’archétype, l’idée platonicienne. Cette beauté tout idéale, intemporelle, comparable seulement à l’harmonie des astres, est en relation de contact, de frôlement, de menace constants avec la catastrophe du taureau, sorte de monstre ou de corps étranger, qui tend à se précipiter au mépris de toutes règles, comme un chien renversant les quilles d’un jeu bien aligné telles les idées platoniciennes. »
Salle dédiée à Joseph CONRAD
Joseph Conrad, Au cœ ur des ténèbres, traduit de l’anglais par Jean Deurbergue,
Paris, Gallimard, collect ion L’Imaginaire, 2017, p. 149
Jamais auparavant je n’avais vu quelque chose de comparable au changement qui envahit ses traits, et j’espère bien ne jamais rien revoir de pareil. Oh, je n’étais pas touché. J’étais fasciné. C’était comme si un voile s’était déchiré. Je vis sur ce visage d’ivoire se peindre l’orgueil sombre, le pouvoir implacable, la terreur abjecte – le désespoir intense et absolu. Revivait-il sa vie dans tous ses détails de désir, de tentation et d’abandon pendant cet instant suprême de connaissance totale ? Il s’écria dans un murmure devant quelque image, quelque vision – il s’écria deux fois, en une exclamation qui n’était qu’un souffle :
« L’horreur ! L’horreur ! »