Le GRECO au Grand Palais - 2ème partie
Publié le 25 Mai 2020
Suite de l'exposition évènement du GRECO au Grand Palais.
600ème article !
Greco, architecte et sculpteur
Si Greco n’a conçu aucun monument que l’on puisse identifier, il conçut des architectures éphémères aujourd’hui disparues et, de façon certaine, les dessins des retables dont il reçoit la commande.
Greco et le dessin
Greco place la peinture au-dessus de tous les autres arts. Dans le débat entre tenants de la ligne et tenants de la couleur, il prend clairement le parti de ces derniers. Rarement conservé, le dessin, qu’il pratique de façon marginale, est une simple modalité fonctionnelle dans son processus de création.
Seules sept feuilles peuvent aujourd’hui être attribuées à Greco avec un certain degré de certitude.
Variations sur le motif
Greco place la variation au cœur de son processus créatif.
...
Quoi qu’il en soit, son art semble s’animer de cette tension permanente entre invention et variation. Cette approche lui offre en effet l’occasion de retravailler une formule, de trouver des alternatives et, de variations en variations, de parvenir à des solutions inédites et affinées.
Gros plans
La Sainte Famille
Les Saints et Apôtres de GRECO
Saint-Luc
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Saint-Joseph |
Saint-Dominique |
Saint-François et frère Léon
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Saint-François |
Saint-François |
Saint-Pierre et Saint-Paul
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Saint-Pierre |
Saint-Paul |
Cette section de l'exposition me rappelle celle du BOZAR de Bruxelles en 2010 où la dernière salle, majestueuse et impressionnante, représentait les 12 apôtres réunis autour du Christ.
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El Greco, Christ en croix - "The Crucifixion", 1610-1614. Oil on canvas. Toledo, Museo de Santa Cruz, Depósito de la Parroquia de San Nicolas de Bari, Toledo. Considéré comme l'un des peintres ...
http://elogedelart.canalblog.com/archives/2009/12/28/16303479.html
Point d’orgue du parcours : l’ultime série d’Apôtres laissée par El Greco, véritable testament pictural du maître. Une série complète d’une étonnante modernité, aux formes totalement libérées, aux éclats de couleurs extraordinaires, qui après le Palais des Beaux-Arts retrouvera le «Museo de El Greco» de Tolède pour ne plus jamais en sortir...
Après les Saints, voici Marie-Madeleine en 2 chefs d’œuvre exceptionnels
Puis la Vierge Marie et le Christ
La Pietà
Le thème de la Pietà ou sa variante de la Mise au tombeau avaient particulièrement intéressé Greco pendant ses années italiennes, au cours desquelles il avait traité le sujet par trois fois. En Espagne, si l’on excepte la toile de l’Hispanic Society, reprise du panneau de Philadelphie exécuté à Rome, Greco n’interpréta qu’une seule fois cette iconographie pourtant centrale dans la foi chrétienne. Plus surprenant encore, au regard des pratiques de l’artiste, on ne connaît aucune copie ni réplique de la présente composition, alors même qu’elle constitue à l’évidence l’un de ses chefs-d’œuvre les plus aboutis. Il n’est pas exclu que la nature précise et peut-être spéciale de la commande, dont nous ignorons tout, soit à l’origine de l’extrême confidentialité dans laquelle l’œuvre est demeurée.
Rarement montrée au public et exceptionnellement prêtée à l’occasion de cette exposition, la toile est habituellement située dans les années 1580-1590. Ses emprunts italiens sont encore manifestes, notamment à la Mise au tombeau de Titien pour la position de la Vierge et à la Pietà Bandini de Michel-Ange une fois encore réélaborée pour le corps du Christ.
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La Pietà Bandini de Michel-Ange se fait restaurer en public à Florence | Connaissance des Arts
Jusqu'à l'été 2020, suivez les différentes étapes de la restauration du chef-d'œuvre de Michel-Ange à l'Opera del Duomo, à Florence. Depuis le 23 novembre dernier, la Pietà Bandini, conser...
Par ailleurs, la similitude du visage de Marie-Madeleine et de celui qui apparaît dans le tableau de Worcester corrobore cette datation, correspondant à un moment où l’artiste entame une première phase de stylisation de sa propre manière, par une géométrisation plus anguleuse des masses et des physionomies dont les Sainte Famille de Santa Leocadia et de Cleveland sont d’autres illustrations annonçant les solutions libres du retable de Doña Maria de Aragón (Madrid, musée du Prado ; Bucarest, Muzeul Naţional de Artă al României).
Par son cadrage serré, qui comprime l’image, la composition est d’une grande force émotionnelle. Le cadavre du Christ, dont la chair déjà grise est baignée d’une lumière froide, se détache sur le bleu profond du manteau de sa mère.
Celle-ci, sereine, retient la tête de son fils tandis que probablement Joseph d’Arimathie achève de déposer le corps sur ses genoux. Le jaune vif de son manteau trouve dans la chevelure lâchée de Madeleine un écho qui ferme la composition.
Ce même jaune doré, qui se détache subtilement du vert du manteau du vieil homme, vient faire une auréole dans la chevelure sans vie de Jésus, en lieu et place de la couronne d’épines, tombée à terre, où se distingue la signature du peintre.
La lente courbe du linceul, comme un voile huméral du corps eucharistique, est accompagnée par le bras du Christ, qui donne le tracé d’un ovale au sein des rythmes cassés du reste de la composition. Ce bras, long et lourd, repris de Michel-Ange mais développé et rendu central, concentre le drame de la Passion. Placé à la limite de la bordure de la toile, comme une invitation à saisir sa main, il engage un rapport de proximité inédit et saisissant avec le spectateur.
Greco et L’atelier
L’atelier lui permet de développer le versant commercial de sa production en multipliant les exemplaires d’une même composition, qu’il peut à l’occasion retoucher et même signer.
Le Christ chassant les marchands du Temple - 1570-1614
Emblématique plus que toute autre, la série du Christ chassant les marchands du Temple permet, autour d’un même thème et d’une même composition, de suivre Greco de ses premières années italiennes à ses dernières années tolédanes. Ce ne sont pas seulement le style, la technique, le format ou le support qui varient de tableau en tableau, c’est l’artiste lui-même qui se ressource et se réinvente.
Derniers feux - 1600-1614
A bien des égards pourtant, ses clairs-obscurs, ses grands effets déclamatoires, sa touche libre et enlevée anticipent l’art de certains peintres du XVIIe siècle.
De l’inconnu, des noces qui s’y consomment et qui nous valent les chefs d’œuvre, Greco tire la pourriture divine de ses couleurs, et son jaune et son rouge qu’il est le seul à connaître. Il en use comme de la trompette des anges. Le jaune et le rouge réveillent les morts qui gesticulent et déchirent leur linceul […].