Henri MATISSE, Roman d'ARAGON - les tableaux du Tome I - partie 1
Publié le 8 Août 2020
Pour aider à la lecture du livre HENRI MATISSE, Roman de Louis ARAGON, voici les tableaux reproduits ici en couleur.
Tome I - partie 1
Avertissement à l'édition Quarto :
...
Le livre tel qu'il a été finalement édité reprend tous les textes qu'Aragon a écrits sur
Matisse, depuis Matisse ou la grandeur, publié en décembre 1941 sous le pseudo-
nyme de Blaise d'Ambérieux, Matisse-en-France en février 1943, et ceux qu'il accu-
mule jusqu'à la fin de 1968. Mais il les commente, les augmente d'inédits. Il les divise
en deux tomes et place à la fin de chacun une anthologie destinée à rétablir une chro-
nologie des œuvres.
L'histoire de la première publication en livre d'art (entre 1968 et 1971) est houleuse.
Aragon se veut le directeur artistique des deux tomes. Il veille à tout : à la mise en
page, au placement des notes, il transforme et remanie jusqu'au bout. Gallimard
déploie des moyens considérables ; chaque tableau, chaque dessin accessibles ont fait
l'objet de nouvelles prises de vue. Le photograveur reçoit des instructions pour le trai-
tement de chaque document, pour la correction des couleurs. La fabrication dure
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deux ans. Rien n'est laissé au hasard. Achevé, l'ouvrage sera réservé aux acquéreurs
de livres d'art et le texte d'Aragon en souffrira : sous cette forme luxueuse, il reste
inaccessible à une partie du vaste public auquel il est destiné.
C'est en quelque sorte un "inédit" que donne Quarto aujourd'hui ou, du moins, un
des grands textes méconnus d'Aragon.
Alors que la première entreprise avait été si ambitieuse, comment l'éditeur ose-t-il
publier aujourd'hui le Henri Matisse, roman en noir et blanc ? On pourrait y voir une
gageure si, grâce à la gloire reconnue de Matisse au cours de ces dernières années,
catalogues d'exposition, beaux livres en tout genre, monographies, cartes postales en
couleurs ne s'étaient multipliés, peut-être même à l'excès. L'édition originale de 1971
en deux volumes comportait 155 documents en couleurs et 386 en noir et blanc. Le
lecteur connait la place qu'occupe la couleur dans l’œuvre de Matisse : les reproduc-
tions que nous donnons ici respectent fidèlement les valeurs dans le dégradé du noir
au blanc. Nous avons préféré cette solution pour une collection de grande diffusion.
Notre souci, néanmoins, a été, pour la publication en Quarto, de rester au plus près
de l'édition originale. La division en tome I et tome II a été respectée à l'intérieur de
ce volume. On s'apercevra, à la lecture, que le système de renvois multiples dont use
Aragon a rendu ce choix indispensable.
...
Mais c'est de l'homme qu'il s'agit...
La pièce "au rez-de-chaussée, que les propriétaires ne louaient pas, sur un jardin par derrière", tableau généralement désigné dans ce livre sous l'appellation coutumière de Matisse : la toile du musée d'Albi...,
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MATISSE et la Blouse Roumaine au Centre POMPIDOU - (broken) linka
Focus sur la toile "La Blouse Roumaine" d'Henri MATISSE qui fait l'objet d'une salle dédiée au centre Pompidou en ce moment (avant confinement en tout cas !). Mon dessin au trait est la traductio...
http://linkaewa.over-blog.com/2020/05/matisse-et-la-blouse-roumaine-au-centre-pompidou.html
Vous ne trouvez pas que c'est un peu direct ? Un peu Manet ? ...
"Elle avait donc vu que c'était une jolie femme"
Le Grand Nu Bleu appartenait à Gertrude Stein, aujourd'hui collection Cone au Museum of Art de Baltimore sous le titre Nu bleu (Souvenir of Biskra).
'La nappe Bleue', 1909, sert à désigner une nature morte qui, de ce fait n'en apparaît que l'accessoire. C'est l'étoffe qui pose, qui est ici le modèle (qu'on retrouvera dans sa peinture tout le long de la vie d'Henri Matisse). Le titre complet du tableau est 'Nature morte camaïeu bleu' : on remarquera, à partir d'ici, qu'il m'arrive d'employer, non le titre "officiel" d'un tableau, mais un autre correspondant à une désignation parlée de l’œuvre. La liste des illustrations remet les choses en place.
"Les Poissons rouges", 1914-1915, qu'André Breton et moi-même persuadâmes difficilement le mécène Jacques Doucet en 1922 d'acheter pour sa collection (aujourd'hui au Museum of Modern Art de New-York).
"Le peintre et son modèle" 1917, dans l'appartement d'Henri Matisse, quai Saint-Michel.
Le modèle est Laurette. Les bâtiments aperçus de l'autre côté du pont sont ceux de la Sûreté.
Pierre Matisse, fils du peintre, au piano; à l'arrière-plan, au mur, le tableau de 1914 La Femme au tabouret".
Comme pour "La Leçon de piano", la scène se passe dans la maison des Matisse à Issy-les-Moulineaux.
A gauche, au fond, Mme Matisse, à droite, premier plan, Marguerite, et jouant au milieu, Jean et Pierre.
Note page 161 :
De quand provient l'obsession de la préface de Pierre et Jean, qui se répète souvent dans la bouche de Matisse ? Et d'où ?
Il m'est arrivé tardivement de remarquer que ces deux prénoms sont ceux des deux fils du peintre. Or, assez souvent, pendant leur enfance, ils ont figuré ensemble dans des tableaux de leur père.
Pour n'en citer qu'un, La famille du peintre, fait à Issy-les-Moulineaux au printemps de 1911, où Pierre et Jean jouent aux dames, Mme Matisse au fond, Marguerite à droite, premier plan.
Suite de la note page 161 :
En 1917, La leçon de musique réunit les quatre personnages, toujours à Issy, Mme Matisse au fond, vue par la fenêtre dans le jardin, comme six ans plus tôt à un ouvrage de broderie, Jean, déjà mobilisable, dans un fauteuil, Marguerite à côté du cadet Pierre, au piano, à droite.
Suite bis de la note page 161 :
Or, en 1923, à Nice, Matisse reconstituera, semble-t-il, cette atmosphère familiale dans deux compositions à trois personnages, deux garçons et une jeune femme, cette dernière au piano, dans le fond, substituée donc à la fois à Mme Matisse et à Marguerite, en qui l'on reconnait le modèle Henriette. Les deux garçons sont les frères d'Henriette jouant aux dames dans l'une qui est un tableau, lisant ensemble un même livre dans la seconde, un dessin au fusain, où se remarque plus l'aînesse d'un d'eux.
Pierre et Jean n'évoque donc pas simplement une préface de Maupassant pour Matisse, mais un thème de sa vie intime. - Note de 1969.
Aragon aurait pu également citer cette "Pianiste et joueurs d'échecs" de 1924 de la National Gallery de Washington (ci-dessous).
Focus sur "Le Mur de l'atelier au cinq fenêtres" page 166-167
Note de 1969 page 166 :
...
Il s'agit d'une remarque que je
n'ai pu faire qu'à notre retour à
Nice au début d'octobre 42 : les
tableaux de septembre 42 en effet
('Jeune Fille devant la fenêtre, robe
blanche et ceinture noire', 'La Robe
violette', 'Jeune Fille à la robe rose,
la fenêtre ouverte et les volets fer-
més', 'La Porte noire') représentent
tous une figure de femme devant
la fenêtre. Un cinquième tableau
qu'on trouve avec eux au mur
chez Matisse, le plus grand sur la
photo jointe, n'a jamais été repro-
duit nulle part. On le retrouvera
dans l'Anthologie II: l'une des ses
sœurs (La Porte noire) figure
dans le texte , page 223. C'était de
quoi j'avais gardé souvenir. Le
tableau détruit, ou repeint sur ce
que j'avais vu, devait être des pre-
miers jours d'octobre.
...
"Un cinquième tableau qu'on trouve avec eux au mur chez Matisse, le plus grand sur la photo jointe, n'a jamais été reproduit nulle part."
Reproduction du "Mur de l'atelier au cinq fenêtres" en cliquant sur le lien ci-dessous :
je m'amuse vraiment beaucoup :) (ndr)
Matisse, là-dessus, me parlera d'une de ses peinture, la petite fille en rouge, faite à Collioure* : le même rouge est employé pour la robe de la petite fille et ailleurs dans le tableau, eh bien, il est invisible que c'est le même posé dans la lumière et dans l'ombre et ce sont les rapports qui le différencient.
* Il s'agit de 'La sieste' (Collioure, 1906), collection particulière, Ascona.
Description du tableau "La sieste ou intérieur à Collioure" 1906 par Aragon dans la note page 169 :
La petite fille est en
dehors de la chambre, sur le bal-
con vu par la fenêtre ouverte, et
dans la chambre à gauche, sous
la fenêtre le désordre de trois
chaises, les pantoufles à côté du
lit, à droite où fait la sieste une
femme qui a gardé un dessous
de robe vert foncé. A noter qu'il
n'y a pas unité dans l'ombre et la
lumière que de la couleur rouge.
Le vert sur la femme, qu'on
retrouve comme pour le contre-
jour du mur du fond et sous la
fenêtre, est le même qui fait au
dehors les arbres du lointain, le
mauve rosé de l'embrasure
ensoleillée se retrouve sur le lit
(où il traduit vraisemblablement
le blanc de la literie) et la limite
supérieure du mur du fond,
dans la chambre, comme une
manière de reflet. - Décrit après
coup, 1956, sur une reproduc-
tion, mais voici que je retrouve en
marge de la copie soumise à
Matisse, ces jours-ci de 1968, un
petit dessin explicatif que je vais
tenter de faire reproduire
ci-après.
A suivre ...