Quelle belle année 1973 - les albums de NOVEMBRE !

Suite des aventures musicales de cette belle année 1973 avec 4 nouveaux albums pour fêter les 50 ans de ce beau mois de NOVEMBRE 1973 !

Et on commence par le 2ème album de l'année pour Mister Bruce SPRINGSTEEN avec cet original "The Wild, The Innocent and the E Street Shuffle" de toute beauté. Nouveau registre pour le (futur) boss et une musique soul jazzy assez orchestrée avec quelques chefs d’œuvre dont certains que j'ai encore entendu en mai dernier en concert à Paris !

Billy JOEL sort de son côté son 2ème album après un premier en 1971 et ce "Piano Man" est une superbe réussite avec notamment la chanson titre superbe et un album très inspirée de la musique d'un certain Elton John.

Le "Tatoo" de Rory GALLAGHER est son 4ème album (et aussi 2ème de l'année). Musicien très prolifique en ce début des seventies, l'album est énorme, très rock et blues où Rory nous assène des coups de guitare électrique superbes. Les titres de cet album seront la colonne vertébrale de son immense album live à sortir l'année suivante "Irish Tour '74".

Enfin, on finit avec le beau Serge GAINSBOURG avec son album "Vu de l'extérieur" aux titres et paroles un peu scatologiques ("Des vents, des Pets..., Titicaca, Pamela Popo, La poupée qui fait ...") mais superbes et surtout disque emmené par un chef d’œuvre inoubliable "Je suis venu te dire que je m'en vais". De grand Serge dans toute sa splendeur (et "décadanse").

En avant la musique !

Novembre 1973 (4)

Bruce SPRINGSTEEN "The Wild, The Innocent and the E Street Shuffle"

Billy JOEL "Piano Man"

Rory GALLAGHER "Tatoo"

Serge GAINSBOURG "Vu de l'extérieur"

Bruce SPRINGSTEEN "The Wild, The Innocent and the E Street Shuffle"

BRUCCCCE 2ème !

Après le "Greetings from Asbury Park, N.J." de début d'année, revoici Bruce SPRINGSTEEN de retour avec ce "The Wild, The Innocent and the E Street Shuffle" de toute beauté.

Après le folk rural du premier, la musique change du tout au tout (avant le tournant rock de "Born to Run" en 1975) et le prolifique Brucie enquille les enregistrements avec son groupe de l'époque, un prémisse du E Street Band (il se grouille car il sera empêché de travailler par la suite, à cause de clauses contractuelles avec son manager de l'époque, Bruce raconte cela très bien dans son bouquin).

La musique est ici soul et jazzy, ça swingue fort et les plages s'étirent en longueur avec de parties musicales de grande qualité. En 2023, lui et son groupe (ils sont une vingtaine sur scène) rejouent encore et encore des titres de ce disque comme l'intro "The E Street Shuffle" ou l’époustouflant "Kitty's Back". Les 7 titres sont assez longs, entre 4 bonnes minutes et 10 mn pour le dernier titre "New York City Serenade".

Il y a évidemment de la place pour de belles balades, avec "4th of July, Asbury Park (Sandy)" et l'énorme "Incident on 57th Street" que l'on avait eu, Bruce seul au piano, en ouverture du concert à Bercy en Juillet 2016 ! Un truc de dingue, comme le fameux "Rosalita (Come Out Tonight)" que le groupe joue aussi sur scène en 2023 (surtout aux US), pour le plus grand plaisir des fans du Boss !!

Billy JOEL "Piano Man"

Billy JOEL sort, fin 1973, son 2ème album "PIano Man" après un premier en 1971.

Manifestement inspiré par l'album "Tumbleweed Connection" d'Elton John, non seulement sur le plan musical mais aussi sur le plan des paroles, ainsi que par James Taylor, Billy Joel élargit la vision et le son de "Cold Spring Harbor" son premier disque, abandonnant les numéros introspectifs (à l'exception de "You're My Home", une lettre d'amour à sa femme) au profit d'esquisses de personnages et d'épopées.

C'est dans "Piano Man" qu'il laisse entrevoir son potentiel en tant qu'artisan musical. Il peut avoir des faiblesses en tant que parolier mais "Piano Man" montre clairement que ses talents de mélodiste peuvent éblouir, par exemple sur des titres comme le superbe "The Ballad of Billy the Kid", "If I Only Had the Words (To Tell You)" ou encore la dernière longue plage du disque "Captain Jack" et bien sûr la chanson-titre.

Un autre Piano Man est né !

Rory GALLAGHER "Tatoo"

Le "Tatoo" de Rory GALLAGHER est son 4ème album (et aussi 2ème de l'année après "Blueprint" en début d'année). 

Mais loin d'être fatigué, Rory et son groupe nous envoient un blues rock racé et les 9 titres sont d'un très haut niveau, un des meilleurs de sa carrière et alimentant le futur "Irish Tour '74" car bien évidemment, Rory montre son meilleur sur scène, comme tout bon musicien rock !

L'album démarre sur les chapeaux de roue avec les 2 premiers titres, les succès de l'album que sont "Tatoo'd Lady" et un "Cradle Rock" long de 6 minutes anthologiques !

Les morceaux suivants sont de la même trempe, bien blues rock à souhait et notamment la superbe intro acoustique sur "Who's That Coming?" avant les beautés de "A Million Miles Away".
Ce titre pousse les limites encore plus loin avec un groove racé sur lequel Gallagher choisit des notes écrêtées et saccadées avec une section rythmique bien huilée, un orgue Hammond épais superposé au piano et même un peu de saxophone.

Après ce déluge, "Admit It" clôt l'album de belle manière. Rory Gallagher partira ensuite dans une tournée mythique qui donnera le live de '74 bien connu.

Serge GAINSBOURG "Vu de l'extérieur"

Enfin, on finit avec le grand Serge GAINSBOURG avec son album "Vu de l'extérieur", successeur de l'énorme "Histoire de Melody Nelson" de 1971 !

Et ici, c'est beaucoup plus léger que 2 ans auparavant et les déambulations de Melody Nelson.

Mais avant les paroles légères et les gros jeux de mot, le disque commence par un énorme tube, un de ses classiques intemporels comme l'auteur sait en composer, "Je Suis Venu Te Dire que Je m'en Vais". Et c'est là la force de Gainsbourg,  de faire rentrer ses mélodies et ses paroles bien profondément dans nos esprits, comme le "Je t'aime, moi non plus" ou "La Javanaise" que tout le monde connait.

Après ce chef d’œuvre absolu, les 9 autres titres s'enchainent très bien, la musique est très mélodique et les paroles chantées par la voix suave du maître chanteur.

J'adore le titre "Vu de l'extérieur", j'ai souvent les paroles en tête :

"C'était bon, ça évidemment,
Mais tu sais comme moi que ces choses-là n'ont qu'un temps"

C'est également le cas pour "Par Hasard et Pas Rasé", jeu de mot gainsbourien et ses histoires à dormir debout.

Puis vient la partie un peu plus légère et surtout scatologique ("Des vents, des Pets..., Titicaca, Pamela Popo, La Poupée qui fait ...") un peu moins réussie mais pas mal quand même et surtout assez marrante :

"C'est une petite poupée qui fait pipi caca
Une petite poupée qui dit papa"

La poupée, c'est Charlotte !

Le disque se termine sur "L'Hippopodame" avec un "D" comme dans "Vas-y mollo" et moi qui aime Rubens, ça me va haha !

Et enfin la superbe "Sensuelle et sans suite", du Gainsbourg nature et égal à lui-même, comme on l'aime (ou le déteste) :

"Une histoire sensuelle et sans suite
Ça fait crac ça fait pschtt
Crac je prends la fille et puis pschtt
Je prend la fuite

Elles en pincent toutes pour ma pomme cuite
Je suis un crac, pour ces petites
Crac les voilà sur le dos et moi pschtt
J'en profite"

Elle fait d'ailleurs penser à la chanson "Di Doo Dah" que Serge a écrite pour Jane Birkin, sur l'album du même nom également en 1973.

Gainsbourg continuera sur sa lancée au milieu de année 70 avec "Rock Around The Bunker" en '75 et surtout un nouveau chef d’œuvre en 1976 avec "L'Homme à Tête de Chou" (aaah Marylou) !